Je fais de la musique avec mes amis Thomas Bruneau Faubert et Marc-Antoine Barbier en tant que Totalement Sublime depuis plusieurs années.
Marc-Antoine et moi avons formé le groupe pour composer des mélodies inspirées de notre amour de la musique ambiante japonaise des années 1980. On a fait paraître un premier album en 2020, puis Thomas s’est joint à nous en tant que musicien pour les spectacles pour ensuite devenir un membre officiel.
Notre deuxième album (et le premier en tant que trio), paru en 2024 et intitulé Albédo/Parhélie, a été composé à partir de séances d’improvisation devant public réalisées en 2023. Pendant ce processus, on a appris à s’écouter et à créer de manière efficace tout en restant accessibles à tous.
Et c’est avec la même approche que nous avons créé la musique du balado Origines : de l’adoption aux retrouvailles.
Un processus de création instinctif
En proposant le concept du balado aux autres membres du groupe, l’aspect le plus important pour moi était que nous devions comprendre la franchise et la vulnérabilité des intervenants qui livraient leurs témoignages. Il était donc naturel et logique que nous allions vers une musique improvisée, plus spontanée, fragile et honnête. S’écouter, se faire confiance, aller où l’un va, se pousser dans de nouvelles directions : c’est la base de l’improvisation musicale.
Nous ne sommes pas de grands musiciens jazz qui peuvent inventer de manière virtuose et nous ne cherchions pas à faire cela. Nous voulions créer une musique lente, empreinte d’amitié, de confiance et d’empathie. Je crois sincèrement que la musique d’Origines n’aurait pas pu être composée de manière trop réfléchie et méthodique. La volatilité de la trame que nous avons produite s’accorde beaucoup mieux aux thèmes du balado que tout ce que nous aurions pu composer de manière consciente.
La musique : un personnage omniprésent, mais discret
Nous nous sommes donc installés dans notre studio de Montréal, le Vieux Pôné : Marc-Antoine au saxophone, Thomas au synthétiseur Moog Matriarch et moi-même au piano. On s’est donné quelques directives: «On s’écoute. On cherche à établir un thème plus que des solos. On reste dans une ambiance douce.» On s’est lancé quelques mots-clés. Puis, on a appuyé sur «Enregistrer».
Pendant 40 minutes, on a joué en se laissant aller sur chaque nouvelle idée apportée par l’un ou l’autre. Sans s’acharner sur une mélodie, mais en essayant de développer chaque chemin assez longuement pour obtenir une mélodie tangible, qui peut être travaillée par après. Je suis ensuite parti avec cet enregistrement et j’ai sélectionné les meilleurs passages en gardant en tête que cette musique allait vivre sous des témoignages. Elle ne devait donc pas prendre trop de place!
Je ne voulais pas que la musique serve simplement d’intro au balado et de transition au cours des épisodes. Il était important qu’elle fasse partie des témoignages, qu’elle soit un personnage de plus, une présence qui enveloppe l’auditoire tout au long de la série. Elle va et elle vient, elle s’entend au loin ou remonte à la surface pour souligner un moment fort. Les pièces que j’avais ressorties de notre longue improvisation s’ajustaient bien à cette vision. On avait misé juste!
Je suis extrêmement fier de la musique que nous avons créée pendant ces 40 minutes, je trouve qu’elle sert très bien la thématique du balado. En écrivant ces lignes, j’écoute les pièces et j’apprécie leur douceur. C’est pour moi le rappel d’un moment passé trop vite, rempli d’amour et de confiance entre trois amis.
Élie Raymond, compositeur
Membre de Totalement Sublime
