Certains projets requièrent un mixage plus approfondi que d’autres. Cette phrase peut paraître étrange de la part d’un mixeur de balados professionnels qui veille à ce que chaque épisode et chaque projet atteignent un résultat optimal. Mais je ne fais pas référence au fait de mettre plus d’énergie sur un projet quelconque que sur un autre. Chacun fournit son lot de défis et de problèmes à résoudre du côté du mixage et du montage, et nous faisons toujours en sorte que chacun reçoive l’attention nécessaire afin qu’il soit agréable à écouter et qu’il captive l’auditoire.
À chaque projet balado ses petits défis
À titre d’exemple, j’aimerais aborder le cas d’Immersion-CP (saison 2), un client de Phonique qui a fait appel à nous à quelques reprises pour différents projets : des séries balado d’entrevues, en format questions-réponses, avec des discussions simples.
Le défi se présente lorsque chaque intervenant ou chaque séquence d’entrevue ne sont pas enregistrés au même endroit. Par exemple, pour le projet Les beaux rôles que nous avons réalisé pour ce client, une première séquence est enregistrée sur place, aux bureaux des intervenants. Puis, une entrevue avec un professionnel du domaine est enregistrée dans nos studios, ou encore l’intervieweuse se trouve en studio et l’intervenant ou l’intervenante est à distance par visioconférence. L’important est donc de s’assurer qu’un épisode donné demeure cohérent, que les voix de tous les professionnels ressortent le mieux possible et que tous semblent se trouver dans un seul et même espace.
De la voix à l’oreille : tout est humain
En mixage de voix, plusieurs options s’offrent à nous, comme la compression, le traitement spectral, l’analyse de la réverbération, etc. Mais je veux souligner l’apport de la technique et de l’outil qui prend plus de temps, qui peut tromper, mais en qui on ne peut que faire confiance : l’oreille humaine dans toute sa splendeur.
Rien ne remplace la magie de la technique A-B (écouter deux prises de son l’une après l’autre et ajuster en incrémentations minimes le mixage afin d’atteindre le meilleur résultat possible), l’efficacité de la pause (une oreille fatiguée n’entend rien) ou la force d’une deuxième écoute (l’avis de quelqu’un d’autre qui nous fait remarquer une erreur non identifiée).
Je pourrais vous parler de plugiciels compliqués, de techniques poussées, de termes inventés, mais c’est surtout l’écoute, le temps et l’expertise qui importent lorsqu’on produit un balado professionnel. C’est en prenant le temps et les ressources primaires nécessaires (bons écouteurs, espace propice à l’écoute) qu’on peut s’approcher d’un résultat optimal, surtout dans des séries balados comportant différents lieux et sources d’enregistrement.
J’ai déjà fait l’erreur de passer les fichiers audio dans des logiciels de très bonne qualité en mode « On passe tout là-dedans et tout va bien ». Avec l’expérience, j’ai appris qu’il est primordial de bien écouter et réécouter, de comprendre ce que l’audio à travailler nécessite comme traitement pour avancer minutieusement dans l’ouvrage et produire un résultat plus poussé et professionnel. C’est ce qui importe, au fond.
Je crois fermement que, lorsque la passion et l’effort sont mis dans un balado de manière créative et pensée, cela transparaît dans les oreilles de l’auditeur. La postproduction n’est pas une étape du processus de création qui doit se faire machinalement. Elle doit respecter le travail des créateurs et faire passer leur message.
Élie Raymond
Monteur et designer sonore